En bref
- Le trouble bipolaire est lié à des dommages affectant les vaisseaux sanguins.
- Le débit sanguin cérébral (DSC) est un indicateur de la santé des vaisseaux sanguins du cerveau et de l’ensemble de l’organisme.
- Les chercheurs ont comparé le DSC de différentes régions du cerveau de jeunes de 13 à 20 ans ayant un trouble bipolaire, en fonction de la gravité de perturbations particulières de l’humeur.
- L’étude a révélé que plus le degré de sévérité des principaux symptômes de la dépression – humeur dépressive et anhédonie – était important, plus faible était le DSC. Ce phénomène a été spécifiquement observé dans une région du cerveau appelée cortex cingulaire antérieur, qui intervient dans la régulation des émotions.
- Ces résultats pourraient orienter les études futures. Les auteurs de l’étude espèrent qu’à l’avenir, la mesure du DSC pourra aider à personnaliser le traitement des symptômes thymiques chez les jeunes présentant un trouble bipolaire.
Objet de la recherche
Le trouble bipolaire est associé aux troubles cardiovasculaires et aux dommages affectant les vaisseaux sanguins. Le débit sanguin cérébral (DSC) n’est pas seulement un indicateur de la santé du cerveau, c’est aussi un indicateur de la santé vasculaire générale. Mais quel est le rapport entre le DSC et le trouble bipolaire ? De nombreuses études ont révélé des anomalies du DSC chez les adultes ayant un trouble bipolaire, leur intensité étant corrélée avec la sévérité des symptômes thymiques. Pourtant, on sait encore peu de choses sur le DSC chez les jeunes qui ont un trouble bipolaire. L’étude présentée ici avait pour but d’accroître les connaissances sur le lien entre l’humeur et le DSC dans cette population.
Méthode
Les chercheurs ont recruté 81 sujets âgés de 13 à 20 ans qui présentaient un trouble bipolaire. Ils ont étudié le DSC dans des régions particulières du cerveau à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique pour observer ses variations en lien avec le degré de sévérité des principaux symptômes de la dépression et de la manie.
Conclusions de la recherche
Les chercheurs ont constaté que la sévérité de l’humeur dépressive et de l’anhédonie (incapacité à ressentir du plaisir) correspondait à une diminution du DSC. Cet effet a été particulièrement notable dans la région du cerveau appelée cortex cingulaire antérieur (CCA). On sait que cette région, qui intervient dans la régulation des émotions, joue un rôle dans le trouble bipolaire, des anomalies anatomiques et fonctionnelles ayant été décelées dans le CCA des personnes présentant cette affection.
Les chercheurs signalent que leurs résultats, bien que préliminaires, montrent qu’il serait intéressant d’examiner le CCA dans les études portant sur l’humeur dépressive et l’anhédonie.
Si le trouble bipolaire se présente différemment chez les jeunes et les adultes, cette étude montre que le DSC est corrélé aux symptômes thymiques tant chez les jeunes que chez les adultes. L’étude montre en outre que le CCA est une région qui joue un rôle déterminant dans le trouble bipolaire, quel que soit l’âge des sujets.
Portée et limites des conclusions
Les chercheurs signalent que leur étude comporte plusieurs limitations. Tout d’abord, ils n’ont examiné que trois régions du cerveau et ils recommandent que les études futures portent également sur d’autres régions. En outre, l’étude étant basée sur une seule mesure du DSC, les chercheurs n’ont pas été en mesure d’examiner les mécanismes sous-jacents de la relation entre le DSC et les symptômes thymiques. De plus, les chercheurs ont exclu les jeunes qui étaient en phase de manie aiguë au moment de l’examen IRM, ce qui a entravé leur capacité à examiner la relation entre le DSC et les symptômes maniaques.
Applications possibles
Cette étude est la première à examiner le lien entre différents symptômes thymiques et le DSC régional chez des personnes présentant un trouble bipolaire, jeunes ou adultes. Les résultats obtenus devront être confirmés par des études de plus grande envergure. L’étude pourrait servir à guider d’autres recherches sur les causes sous-jacentes de symptômes thymiques spécifiques, lesquels pourraient avoir des causes différentes.
En réalisant de nouvelles recherches, on pourrait parvenir à intégrer la mesure du DSC dans des essais thérapeutiques, ce qui permettrait d’évaluer objectivement la réponse aux traitements ou de les individualiser. De tels essais pourraient aider à comprendre pourquoi un traitement donne des résultats chez certaines personnes et pas chez d'autres. Ils pourraient aussi un jour éclairer la prise de décisions cliniques en fournissant un moyen d'évaluer la probabilité qu'une personne réagisse favorablement à un traitement ou à un autre.