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Instantané de recherche : Augmentation des visites pour soins actifs en raison de troubles du comportement alimentaire après le début de la pandémie de COVID-19

En bref

Dans les premiers mois de la pandémie de COVID-19, les hôpitaux ont signalé une augmentation du nombre d’enfants et d’adolescents nécessitant des soins actifs pour des troubles du comportement alimentaire (TCA). Afin de déterminer si tel était le cas en Ontario, l’équipe de recherche a comparé les taux de visites aux urgences et les hospitalisations pour des troubles du comportement alimentaire dans cette population avant la pandémie et pendant les 10 premiers mois de cette dernière. En étudiant les bases de données administratives, elle a constaté une hausse générale des risques, soit de 66 % concernant les visites aux urgences et de 37 % concernant les hospitalisations. Des recherches plus approfondies sont nécessaires afin de comprendre les mécanismes sociaux et neurobiologiques qui sont à l’origine de ces changements.

Objet de la recherche 

Dans les premiers mois qui ont suivi le début de la pandémie de COVID-19, les hôpitaux pédiatriques des pays à revenu élevé ont commencé à faire état d’une augmentation marquée des cas aigus de TCA chez les enfants et les adolescents. Ces constats étaient importants, car, avant la pandémie, les admissions ou les visites aux urgences dans les hôpitaux pédiatriques et les services de médecine de l’adolescence avaient généralement stagné, voire baissé.  

Il est important de comprendre la situation à cet égard en Ontario pour pouvoir prendre des décisions éclairées quant aux ressources consacrées aux TCA et aux capacités en matière de soins actifs pendant et après la pandémie.

Méthodes

L’équipe de recherche a utilisé le réseau de bases de données médico-administratives reliées entre elles de l’Institut des sciences évaluatives cliniques en Ontario pour mener une étude transversale des visites pour soins actifs chez les enfants et les adolescents âgés de trois à 17 ans présentant des troubles du comportement alimentaire du 1er janvier 2017 au 26 décembre 2020 en Ontario (Canada). Ce type d’étude suit les participant·e·s à un moment donné.

Conclusions de la recherche

Tout de suite après le début de la pandémie, les visites pour soins actifs en raison de troubles du comportement alimentaire ont augmenté. Globalement, l’équipe de recherche a observé une hausse de 66 % des visites pour des TCA et de 37 % des risques d’hospitalisations.

Chez les enfants et les adolescents admissibles au régime d’assurance maladie provincial en octobre 2020, un pic a été atteint : 35 visites aux urgences et 43 hospitalisations pour 100 000 personnes sur une période de quatre semaines.

Des différences ont été observées en fonction de l’âge. Chez les trois à 13 ans, les taux de visites aux urgences ont été inférieurs aux prévisions aux mois d’avril et de mai, puis ont atteint un pic en décembre 2020 pour retomber ensuite aux taux prévus. Chez les 14-17 ans, les visites aux urgences ont été plus nombreuses que prévu après le début de la pandémie, sauf en mai 2020.

Par ailleurs, après le début de la pandémie, les hospitalisations pour des TCA se sont maintenues dans l’ensemble à un niveau supérieur aux prévisions.

Portée et limites de l’étude

L’équipe de recherche a relevé plusieurs limites à son étude. Comme elle a utilisé des données médico-administratives, des erreurs de codage et des retards dans le transfert des données ont pu se produire, sans oublier un manque de détails cliniques. En outre, dans le cadre de l’étude, seuls les effets de la pandémie de COVID-19 sur une période de 10 mois ont pu être examinés en raison du décalage dans le transfert des données. Enfin, l’étude n’a pas pris en compte les patient·e·s qui ont consulté d’autres professionnel·le·s de la santé, des travailleur·euse·s sociaux, des psychologues et d’autres thérapeutes par exemple.

Applications possibles

Cette étude présente un intérêt pour les décideurs et planificateurs de systèmes, car elle a d’importantes répercussions sur la surveillance continue et l’affectation des ressources pour traiter les troubles du comportement alimentaire pédiatriques.

Auteur.trice.s

Toulany, A.1,2,3,4,5, Kurdyak, P.3,5,6,7, Guttmann, A.1,2,3,4,5,8, Stukel, T.A.3,4, Fu, L. 3, Strauss, R. 3, Fiksenbaum, L.1,4, Saunders, N.R.1,2,3,4,5,8

  1. The Hospital for Sick Children, Toronto, Ontario, Canada
  2. Département de pédiatrie, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
  3. Institut des sciences évaluatives cliniques, Toronto, Ontario, Canada
  4. Child Health Evaluative Sciences, Sick Kids Research Institute, Toronto, Ontario, Canada
  5. Institut de politique sanitaire, Gestion et évaluation, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
  6. Département de psychiatrie, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
  7. Centre de toxicomanie et de santé mentale, Toronto, Ontario, Canada
  8. Edwin S. H. Leong Centre for Healthy Children, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada

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