Ce qu’il faut savoir
Les chercheurs ont examiné toutes les études portant sur la consommation de méthamphétamine et son impact sur le succès des traitements du trouble lié à l’usage d’opioïdes [TSO] pour comparer les personnes sous TSO qui prenaient de la méthamphétamine et celles qui n’en prenaient pas. Toutes les études montraient que le taux d’abandon du TSO était plus important chez les patients qui consommaient de la méthamphétamine que chez ceux qui n’en consommaient pas, et que, de surcroît, plus la consommation de méthamphétamine était fréquente, plus le risque d’abandon du TSO était élevé. Les options de traitement pour les personnes qui consomment à la fois de la méthamphétamine et des opioïdes étant limitées, les auteurs recommandent de mettre l’accent sur la conception et la mise en place de services offrant de tels traitements, ainsi que sur l’évaluation de leur efficacité.
Objet de la recherche
Au cours des dernières décennies, en Amérique du Nord, la consommation d’opioïdes s’est accrue, entraînant un nombre record de décès par empoisonnement. La consommation de psychostimulants tels que la méthamphétamine et la cocaïne a également augmenté.
En Amérique du Nord, les traitements du trouble lié à l’usage d’opioïdes (TSO) consistent généralement en la prescription de méthadone, en association ou non avec de la buprénorphine ou de la naloxone. Il a été démontré que les TSO réduisaient la consommation de substances psychoactives, la criminalité liée à la drogue et le risque de contracter le VIH et l’hépatite C, ainsi que le nombre de décès prématurés.
Les personnes qui suivent fidèlement leur TSO sont moins nombreuses à consommer des drogues de nouveau, à être hospitalisées, à se livrer à des activités criminelles et à mourir prématurément. Cependant, peu de personnes souffrant d’un trouble lié à la consommation d’opioïdes entament ce traitement, et moins de la moitié d’entre elles le poursuivent au-delà de six mois.
C’est en raison de l’augmentation de la consommation concomitante de méthamphétamine et d’opioïdes, de la morbidité et de la mortalité qui en découlent et de l’importance de la poursuite du TSO que les chercheurs ont été amenés à examiner l’impact potentiel de la consommation de méthamphétamine sur la poursuite d’un TSO.
Méthode de recherche
Les chercheurs ont examiné toutes les études portant sur la consommation de méthamphétamine et ils ont inclus celles dont tous les participants suivaient un TSO. Ils ont comparé deux groupes : l’un formé de personnes consommant à la fois des opioïdes et de la métamphétamine et l’autre formé de personnes qui consommaient uniquement des opioïdes.
Conclusions de la recherche
Les auteurs ont trouvé huit études répondant à leur critère de recherche. Les données provenant de ces études montraient toutes que les patients suivant un TSO étaient plus nombreux à interrompre leur traitement s’ils consommaient de la méthamphétamine en même temps que des opioïdes, et qu’une fréquence accrue de consommation de la méthamphétamine accroissait la probabilité d’abandon prématuré du traitement.
Les chercheurs font remarquer qu’étant donné la situation actuelle, en pleine évolution, de la crise des opioïdes, les services de TSO devraient faire un dépistage des clients consommant à la fois de la méthamphétamine et des opioïdes, car il s’agit d’un facteur de risque important d’abandon du traitement. Ces clients devraient être encouragés à entamer un TSO et bien informés du risque accru d’abandon. Les options de traitement pour les personnes qui consomment à la fois de la méthamphétamine et des opioïdes étant limitées, il convient de mettre l’accent sur la conception et la mise en place de services offrant de tels traitements, ainsi que sur l’évaluation de leur efficacité.
Portée et limites des conclusions
Les auteurs de l’étude ont signalé qu’elle présentait plusieurs limitations. Leur analyse ne portait que sur un petit nombre d’études; ces études employaient des critères différents pour mesurer l’usage de la méthamphétamine et aucune d’entre elles n’examinait les troubles liés à l’usage concomitant d’opioïdes et de méthamphétamine. En outre, les programmes et protocoles de TSO variaient d’un endroit à l’autre.
Applications possibles
L’étude contient des renseignements qui devraient intéresser les planificateurs de programmes et fournisseurs de services de lutte contre la dépendance aux substances psychoactives. Elle fournit des indications précieuses sur la nécessité de fournir des services aux personnes qui consomment à la fois de la méthamphétamine et des opioïdes et elle souligne la nécessité d’élaborer et de mettre en œuvre des services efficaces et accessibles pour ces personnes, ainsi que le besoin d’évaluer l’efficacité de ces services.
Auteurs
Cayley Russell1, Justine Law1, Sameer Imtiaz1, Jürgen Rehm1,2,3,4,5,6,7, Bernard Le Foll3,8,9,10 et Farihah Ali1
- Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) et Pôle ontarien de l’Initiative canadienne de recherche sur l’abus de substances (ICRAS) de l’Institut de recherche en politiques de santé mentale, Toronto
- Faculté de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto
- Département de psychiatrie de l’Université de Toronto
- Institut des sciences médicales de l’Université de Toronto
- Institut Für Klinische Psychologie Und Psychotherapie, Technische Universität Dresden, Dresde
- Department of International Health Projects, Institute for Leadership and Health Management, Moscou
- Centre de recherche interdisciplinaire sur les dépendances, Département de psychiatrie et de psychothérapie du Centre hospitalier universitaire de Hambourg-Eppendorf, Allemagne
- Département de pharmacologie et de toxicologie et Département de médecine familiale et communautaire de la Faculté de médecine de l’Université de Toronto
- Laboratoire de recherche translationnelle sur la dépendance aux substances psychoactives de l’Institut de recherche en santé mentale de la famille Campbell, Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), Toronto
- Centre de psychiatrie de l’Institut de recherche Waypoint, Penetanguishene, Ontario, Canada