Que devez-vous savoir ?
Les effets sur la santé mentale de l’appartenance à une communauté de langue officielle en situation minoritaire sont méconnus. Les résultats de la présente étude semblent indiquer que cette population a un taux de troubles mentaux et de consommation de substances plus élevé (38 % contre 34 %).
La principale conclusion des auteurs est le fait qu’appartenir à une communauté linguistique minoritaire se traduit par un accès limité aux services de santé mentale dans sa langue.
Cet Instantané de recherche est basé sur l’article, « Santé mentale chez les francophones en situation linguistique minoritaire » et a été publié dans le journal Reflets en 2018. Lisez-le ci-dessous ou téléchargez le PDF.
Les Instantanés de recherche sont des résumés brefs et clairs d'articles de recherche, présentés dans un format convivial.
En quoi consiste la recherche ?
Certains groupes en situation minoritaire sont davantage exposés aux troubles de santé mentale et ont un accès limité à des ressources sociales et à des services de santé mentale dans leur langue.
Les chercheurs avaient pour but de mieux connaître l’état de santé mentale de la population francophone vivant en situation linguistique minoritaire. En plus d’être en situation minoritaire, cette population est vieillissante, 21 % n’a pas de diplôme d’études secondaires et 20 % se situe dans le quintile de revenu le plus bas. Les francophones sont également confrontés à la difficulté à accéder à des services psychiatriques dans leur langue. L’ensemble de ces facteurs peuvent être liés à une certaine vulnérabilité sur le plan de la santé mentale.
Qu’ont fait les chercheurs ?
Les chercheurs ont utilisé les données provenant du Fichier de microdonnées détaillées de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes–Santé mentale (ESCC-SM) de 2012. Cette enquête du gouvernement fédéral porte, entre autres, sur l’état de santé mentale de la population canadienne.
Les chercheurs ont évalué plusieurs traits liés à la santé mentale des participants tels la prévalence de la détresse psychologique, des antécédents familiaux de troubles mentaux, des troubles de l’humeur, des troubles de l’usage de substances, des idées suicidaires et des besoins de soins de santé mentale. En second lieu, les chercheurs ont fait des analyses statistiques sur les déterminants des troubles mentaux et des troubles de l’usage de substances.
Qu’ont trouvé les chercheurs ?
Les résultats des analyses semblent indiquer que les francophones en situation linguistique minoritaire ont un état de santé mentale globalement semblable au reste de la population canadienne. Certaines différences assez peu importantes existent selon les caractéristiques particulières : quintile de revenu, niveau de scolarisation, sexe, âge et statut d’autochtone ou d’immigrant. Le résultat le plus important de cette analyse concerne la difficulté à obtenir des services de santé et des services sociaux en français.
Comment pouvez-vous tirer parti de cette recherche ?
Il est important de prendre en considération le fait que non seulement les communautés francophones en situation linguistique minoritaire sont confrontées à une pénurie de ressources en santé mentale, mais que de plus elles n’y ont pas accès dans leur langue, ce qui peut nuire à leurs soins, retarder leur prestation ou engendrer des erreurs de diagnostic.
« Il est plus que temps de donner à la santé mentale la place qui lui revient en termes de ressources et de priorité et dans la langue officielle requise. »
Les intervenants en santé mentale peuvent tirer parti de ces résultats, ainsi que les directions d’organismes de santé mentale, les planificateurs de systèmes et les décideurs politiques.
Quelles sont les limites de cette recherche ?
Les données à la base de cette recherche provenant d’une enquête transversale, il est impossible d’établir des liens de causalité entre les variables étudiées. De plus, l’enquête n’ayant pas pu prendre en compte tous les troubles mentaux, il est possible que certains besoins et degrés de prévalence aient été sous-estimés.
L’échantillonnage visant à représenter la population du Canada, on a consulté un nombre restreint de francophones en situation linguistique minoritaire. Cela limite la portée des analyses et les conclusions devraient être interprétées avec prudence. Par ailleurs, les données ne permettaient pas de différencier les diverses communautés francophones de la province.
Qui sont les chercheurs ?
Louise Bouchard, Ph. D., Institut du savoir Montfort, Université d’Ottawa
Ian Colman, Université d’Ottawa
Ricardo Batista, Institut du savoir Montfort et Institute for Clinical Evaluative Sciences (ICES)
Mots-clés
Santé et maladies mentales, francophones en situation minoritaire, enquête de santé dans les collectivités canadiennes
Cet Instantané de recherche est basé sur l’article, « Santé mentale chez les francophones en situation linguistique minoritaire » et a été publié dans le journal Reflets en 2018. https://doi.org/10.7202/1053864ar. Le résumé a été rédigé par Simon Landry.