divider

Instantané de recherche : Thérapie psychédélique pour les troubles des conduites alimentaires et la dysmorphophobie

Ce qu’il faut savoir

Les cliniciens disposent de peu de traitements pharmacologiques et psychologiques efficaces pour la dysmorphophobie (DMP) et les troubles des conduites alimentaires (TCA). Des recherches explorent toutefois de nouveaux traitements pour les TCA et la DMP, dont les thérapies psychédéliques. Les auteurs de l’article ont effectué une revue systématique de la littérature pour recueillir et analyser les données relatives aux effets thérapeutiques des psychédéliques pour les patients aux prises avec des TCA et une DMP.

Objet de la recherche

Les TCA et la DMP sont des troubles mentaux caractérisés par une préoccupation excessive à l’égard de l’image corporelle, ce qui se traduit par de la détresse et une détérioration de la capacité fonctionnelle. Les TCA sont caractérisés par une perturbation grave et persistante des comportements alimentaires, associée à des pensées et des émotions affligeantes, tandis que la DMP est un trouble de l’image corporelle caractérisé par une préoccupation obsessionnelle au sujet de l’image corporelle.

Un certain nombre d’études ont exploré de nouvelles avenues thérapeutiques pour les personnes en butte aux TCA ou à la DMP, dont le recours aux psychédéliques classiques – psilocybine, diéthyllysergamide (LSD) et ayahuasca –, des hallucinogènes qui agissent sur le système sérotoninergique (un groupe de neurones, situés dans le tronc cérébral, qui produisent la sérotonine) des humains. Les psychédéliques activent les récepteurs de la sérotonine situés dans les structures corticales et sous-corticales du cerveau, ce qui se traduit par une altération des états de conscience associés aux TCA et à la DMP. Les psychédéliques procurent un meilleur sentiment de contrôle sur les émotions liées à l’image corporelle, induisant une perception de soi positive.

Dans cette étude, les chercheurs ont effectué une revue systématique pour examiner les effets thérapeutiques des psychédéliques chez les patients porteurs d’un diagnostic de TCA ou DMP.

Méthode de recherche

Les auteurs ont recensé les études publiées jusqu’en février 2022 qui portaient sur l’effet des psychédéliques relativement à l’atténuation des symptômes des TCA et de la DMP. Pour ce faire, ils ont fait des recherches dans diverses bases de données ainsi que dans la littérature grise. Les critères d’inclusion étaient les suivants :

Ont été exclues de la recherche les études réalisées sur des animaux.

Conclusions de la recherche

Les chercheurs ont recensé 372 études aux fins de l’évaluation de données. Cependant, seules cinq d’entre elles répondaient à leurs critères de sélection. Sur les articles examinés, quatre décrivaient une atténuation des symptômes de TCA ou de DMP suite à l’ingestion d’ayahuasca ou de psilocybine et deux montraient que la thérapie psychédélique avait permis aux participants de découvrir les causes de leur TCA et de changer la perception qu’ils avaient d’eux-mêmes en privilégiant l’autocompassion; un seul article, une étude de cas, portait sur une personne souffrant de DMP et suite à la thérapie psychédélique, cette personne a signalé que son image corporelle s’était transformée et qu’elle n’était plus convaincue de la véracité de sa perception de ses difformités. Enfin, une des études de cas manquait de clarté quant au diagnostic de la personne et aux effets de la psilocybine sur ses symptômes.

Dans l’ensemble, le nombre de publications était limité et les chercheurs n’ont trouvé que peu d’études présentant des résultats prometteurs quant à l’emploi de psychédéliques pour le traitement des symptômes de la DMP et des TCA. Les chercheurs estiment qu’il est impossible de tirer des conclusions pratiques en l’absence d’une méthodologie scientifique rigoureuse.

Portée et limites des conclusions

Les auteurs de l’article signalent que leur étude présente plusieurs limitations. Tout d’abord, leur recherche ayant été effectuée uniquement sur des publications en anglais, il est possible que de nombreux articles n’aient pas été pris en compte. De plus, ils n’ont pas été en mesure de tirer des conclusions pratiques en raison du manque de données. En outre, les études incluses portaient sur des échantillons de petite taille et n’incluaient aucun essai contrôlé randomisé.

Applications possibles

Les chercheurs indiquent qu’il faudra poursuivre les recherches afin de déterminer l’innocuité et l’efficacité des psychédéliques pour le traitement des TCA et de la DMP. Ils estiment qu’il faudrait disposer d’échantillons plus importants, représentant mieux la population traitée. Ils soulignent également le besoin d’une plus grande transparence par le biais de rapports détaillés sur les résultats et les effets indésirables. Tout cela contribuerait à faire progresser les connaissances sur la thérapie psychédélique pour les patients aux prises avec une DMP et des TCA.

Auteurs

Nicole Ledwos1, Justyne D. Rodas1,2, M. Ishrat Husain3,4, Jamie D. Feusner2,3,4,5 et David J. Castle1,4

  1. Centre d’interventions complexes, Centre de toxicomanie et de santé mentale, Toronto
  2. Institut des sciences médicales de la Faculté de médecine Temerty, Université de Toronto
  3. Institut de recherche en santé mentale de la famille Campbell, Centre de toxicomanie et de santé mentale, Toronto
  4. Département de psychiatrie de la Faculté de médecine Temerty, Université de Toronto
  5. Département de la santé des femmes et des enfants de l’Institut Karolinska, Stockholm

En savoir plus sur