En bref
Comme d’autres crises de santé publique, la pandémie engendre des conséquences néfastes à court et à long terme sur la santé mentale de la population en général, y compris une augmentation de la solitude, de l’anxiété et de la dépression. Les personnes âgées risquent beaucoup plus d’être isolées socialement. Les faits montrent que les mesures de distanciation sociale prises dans le monde entier ont considérablement nui au bien-être psychologique des gens et ont eu des incidences sur le mode de prestation des services de santé mentale aux personnes âgées.
Dans l’ensemble, l’équipe de recherche présente un résumé des publications sur les interventions à distance destinées aux personnes âgées et ciblant la solitude et la détresse psychologique (p. ex. dépression et anxiété).
Objet de la recherche
Il ressort des données que l’isolement social et la solitude sont associés à une réactivité accrue à des facteurs de stress, à l’anxiété, à la dépression, à la baisse des facultés cognitives, à des effets néfastes sur la santé et au risque de mortalité. Afin de réduire les effets négatifs de la pandémie, il est important que les interventions s’articulent autour de l’isolement et de la solitude. Des interventions qui sont destinées à réduire l’isolement social et la solitude comportent de nombreux avantages. Or, bien qu’elles soient essentielles pour aider les personnes âgées, ces interventions font souvent défaut.
L’équipe de recherche a effectué une revue narrative et a présenté un résumé des publications sur les interventions à distance destinées aux personnes âgées et ciblant la solitude et la détresse psychologique (p. ex. dépression et anxiété). Dans le cadre de cet examen, l’équipe de recherche :
- a déterminé les interventions à distance fondées sur des données probantes visant à remédier à l’isolement social et à la détresse psychologique ;
- a donné un aperçu complet des interventions se prêtant à exécution par des personnes ayant une formation différente ;
- a cerné les obstacles à la prestation à distance des interventions destinées aux personnes âgées qu’elle a passées en revue ;
- a formulé des recommandations qui tiennent compte d’aspects singuliers liés au vieillissement de la population et à la pandémie de COVID-19.
Méthodes
L’équipe de recherche a effectué une revue de la littérature de type narratif, en se concentrant sur les interventions à distance destinées aux personnes âgées et ciblant la solitude et la détresse psychologique (p. ex. dépression et anxiété).
Conclusions de la recherche
Cette revue narrative a amené l’équipe de recherche à mettre au jour deux types d’interventions à distance :
- Les interventions pour lutter contre l’isolement social et la solitude : ces interventions contribuent entre autres à réduire le décrochage social et la solitude des personnes âgées. Elles se font par téléphone ou vidéo, ou sur les plateformes de réseaux sociaux.
- Les interventions psychologiques : ces interventions ciblent en général les symptômes de dépression et d’anxiété. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est la méthode la plus couramment utilisée dans le cadre de ces interventions.
L’équipe de recherche a également relevé plusieurs obstacles à la mise en œuvre des interventions à distance, dont les suivants :
- les attitudes des personnes âgées à l’égard des technologies nécessaires : les personnes âgées peuvent refuser d’apprendre à utiliser les nouvelles technologies : ordinateur, tablette, applications d’appel vidéo ou Internet ;
- la capacité à avoir accès à la technologie : les personnes âgées ne sont pas toujours en mesure d’avoir accès aux technologies nécessaires en raison de leur emplacement géographique ou de leur situation socioéconomique ;
- une expérience et des compétences limitées dans l’utilisation des technologies : les personnes âgées ne savent pas parfois utiliser les technologies, ce qui peut conduire à une baisse du taux de participation au traitement et de l’observance du traitement ;
- le concours obligatoire des autres : les personnes âgées peuvent ne pas avoir le soutien dont elles ont besoin des membres de leur famille ou du personnel pour participer à l’intervention.
L’équipe de recherche a fait ensuite des observations et des recommandations de nature générale pour atténuer l’isolement social et la détresse psychologique des personnes âgées pendant la pandémie de COVID-19.
Évaluer les obstacles à l’utilisation des technologies
Y compris :
- recourir à la technologie à laquelle les personnes sont habituées pour réaliser l’intervention (p. ex. téléphone) ;
- donner au téléphone des directives/une formation sur l’utilisation des technologies ;
- fournir des notices d’instructions, des rappels et des conseils sur l’utilisation des technologies et le dépannage ;
- faire appel à un membre de la famille ou à un.e aidant.e vivant avec la personne âgée pour installer des applications ou régler les problèmes techniques.
Respecter la vie privée
Si le personnel ou un membre de la famille doit aider la personne âgée à installer les applications, il doit aussi respecter son intimité pendant ses conversations privées.
Se tenir au courant des lignes directrices sur la pratique en psychologie
Les psychologues doivent consulter les lignes directrices pertinentes sur la pratique en télépsychologie.
Évaluer les besoins et mieux faire connaître les traitements disponibles
Les personnes âgées doivent être mises au courant des programmes existants auxquels elles peuvent avoir accès (p. ex. par l’intermédiaire de la presse écrite, de renvois téléphoniques, de courriels, de sites web et des réseaux sociaux).
S’enquérir de la situation des personnes âgées
En raison de la pandémie, les personnes âgées qui vivent confinées ont beaucoup réduit leurs contacts avec leur communauté et leur famille. Il est important que les personnes âgées maintiennent des contacts réguliers avec leur famille, leurs ami.e.s et les travailleur.euse.s de la santé qui peuvent évaluer leur santé mentale et leur bien-être.
Dans cette étude, l’équipe de recherche décrit également le type et le mode d’intervention à mettre en œuvre en fonction du milieu de vie. Elle a constaté qu’en ce qui concerne les interventions psychologiques et la communication entre la famille et les bénéficiaires de soins résidant dans un établissement de soins de longue durée (SLD), les appels vidéo marchent bien. Pour les personnes n’ayant pas accès à un ordinateur ou à Internet, elle recommande de réaliser les interventions par téléphone. En outre, dans les établissements de SLD, les appels vidéo organisés par le personnel réduisent la solitude et la dépression. L’équipe de recherche constate aussi que les échanges au téléphone réalisés dans le cadre de programmes communautaires de bénévolat atténuent la solitude des personnes âgées (p. ex. programmes de relations amicales).
Portée et limites des conclusions
L’équipe de recherche a relevé plusieurs limites concernant les éléments de preuve disponibles sur ce sujet, y compris les suivantes :
- évaluation et publication des interventions à distance liées spécifiquement à la COVID-19 ;
- études comparant les résultats du traitement chez des participant.e.s qui ont été plus ou moins en contact avec un.e clinicien.ne ;
- examen comparatif des méthodes de prestation à distance ;
- recherches sur l’efficacité des interventions passées en revue chez les personnes âgées ayant des troubles cognitifs et entraves à l’engagement thérapeutique, aussi bien dans la collectivité que dans les établissements de SLD ;
- évaluation des méthodes de contrôle de la sécurité et d’évaluation des risques ;
- évaluation ou passage à la réalisation à distance des interventions psychologiques auprès de personnes ayant des problèmes sociaux et interpersonnels.
Applications possibles
L’équipe de recherche est d’avis de transposer ces approches dans la collectivité et les établissements de SLD, et d’encourager leur adoption en prenant en compte la préférence de la personne pour tel ou tel mode de prestation et sa culture technologique. Il reste toutefois à mener des recherches plus rigoureuses sur l’évaluation et la mise en œuvre des interventions à distance et les effets de ces dernières sur des personnes issues de divers milieux socioéconomiques et milieux de vie.
Auteur.e.s
Julie A. Gorenko1, Chelsea Moran1, Michelle Flynn1, Keith Dobson1, Candace Konnert1
- Université de Calgary, Calgary, Alberta, Canada