En bref
Le programme de groupe Connexion familiale a pour but d’améliorer la vie des aidants naturels de personnes ayant un trouble de personnalité limite. Une équipe de recherche a réalisé une étude pour évaluer l’incidence du programme sur la vie des aidants naturels d’adolescents ayant divers problèmes de santé mentale. Les résultats de l’étude révèlent des améliorations statistiquement significatives au fil du temps dans tous les domaines, sauf en ce qui concerne la perception que les aidants naturels ont de leurs interactions avec l’adolescent.e.
Objet de la recherche
Il peut être difficile et déroutant de s’occuper d’un enfant ayant une maladie mentale. Le programme Connexion familiale a été conçu pour aider les proches de personnes atteintes d’un trouble de personnalité limite à avoir une vie meilleure. Il fournit aux proches des informations et des résultats d’études sur la santé mentale et le fonctionnement de la famille, les mécanismes d’adaptation, les compétences familiales et l’accompagnement social. Jusqu’à présent, aucune étude n’a été menée sur les effets du programme sur les proches de personnes ayant d’autres types de problèmes de santé mentale.
Le programme prévoit 12 séances hebdomadaires de 90 minutes de formation en groupe. Ces séances portent sur la psychoéducation, les compétences individuelles et relationnelles (pour promouvoir le bien-être émotionnel), les compétences familiales (pour améliorer les relations et les interactions dans la famille), les techniques pour mieux s’exprimer ainsi que les compétences en résolution de problèmes.
Méthodes
L’étude, qui s’inscrivait dans le projet ontarien Research and Action for Teens, visait à évaluer les changements survenus au fil du temps chez les aidants naturels d’adolescents ayant des problèmes de santé mentale qui étaient inscrits au programme Connexion familiale à Toronto, Ottawa ou Thunder Bay.
Les aidants naturels ont rempli des questionnaires au début, à la moitié et à la fin du programme ainsi que 12 semaines après la fin de la formation.
Les questionnaires portaient sur un certain nombre de facteurs susceptibles d’avoir des répercussions sur les aidants naturels, dont le fardeau des aidants, le stress parental, le sentiment de maîtrise sur sa vie, la capacité à faire face et le chagrin ressenti, ainsi que le point de vue des aidants sur le comportement de leur enfant.
Chaque lieu d’intervention a appliqué un modèle de facilitation différent. À Toronto, les groupes étaient codirigés par un.e facilitateur.trice pair.e et un.e clinicien.ne. À Ottawa et à Thunder Bay, les groupes étaient menés respectivement par des facilitateurs pairs et des cliniciens.
Conclusions de la recherche
La composition des groupes de participants était sensiblement la même dans les trois cas, sauf en ce qui concerne le sexe (les hommes ne représentaient que 4,5 % des participants à Thunder Bay comparativement à près du tiers à Ottawa et Toronto).
Dans tous les lieux d’intervention, on a observé au fil du temps des améliorations des mesures de résultats, exception faite de l’indice de stress parental. À Thunder Bay, en particulier, le fardeau des aidants naturels ne s’est pas allégé au fur et à mesure. Selon l’équipe de recherche, cette situation s’explique peut-être par le fait qu’à Thunder Bay, les interventions étaient dirigées par des cliniciens et non par des facilitateurs pairs. Ou elle pourrait être attribuable à l’emplacement, aux caractéristiques démographiques ou à une autre variable.
Portée et limites des conclusions
L’équipe de recherche a relevé plusieurs limites à l’étude. Tout d’abord, il n’y avait pas de groupe témoin pour aider à déterminer si les changements étaient dus à la participation au programme. Impossible également d’établir si les différences de résultats observées dans les trois lieux d’intervention étaient liées à l’approche adoptée, à l’emplacement géographique, à la constitution démographique des groupes ou à d’autres variables. Par ailleurs, l’échantillon de participants n’est pas nécessairement représentatif de la population générale des aidants naturels que le programme est censé aider.
Applications possibles
Cette étude peut être utile à quiconque souhaite élaborer un programme visant à soutenir les aidants naturels d’enfants ayant des problèmes de santé mentale.
Auteur.e.s
Tali Z. Boritz1,2, Natasha Y. Sheikhan1,3, Lisa D. Hawke1,2, Shelley F. McMain1,2, Joanna Henderson1,2
- Centre de toxicomanie et de santé mentale, Toronto, Ontario, Canada
- Département de psychiatrie, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
- École de santé publique Dalla Lana, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
Tali Z. Boritz et Natasha Y. Sheikhan sont les principales auteures de cet article.