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Recherche en bref : Les résultats préliminaires d’une étude montrent des différences liées à l’usage de cannabis dans les structures cérébrales qui participent au processus de récompense chez les adolescents atteints d’un trouble bipolaire

Ce qu’il faut savoir

Les adolescents atteints de trouble bipolaire présentent des taux élevés de consommation de cannabis, consommation qui risque d’aggraver les manifestations de la maladie et de diminuer les effets du traitement. Des études ont révélé de façon indépendante une connectivité fonctionnelle anormale dans les circuits de la récompense du cerveau de personnes ayant un trouble bipolaire et dans celui des consommateurs de cannabis. Pour mieux comprendre l’effet de la consommation de cannabis sur le trouble bipolaire, l’équipe de recherche a étudié le scanographe cérébral de 134 adolescents, dont 40 étaient atteints d’un trouble bipolaire et avaient consommé du cannabis au cours de leur vie, 31 avaient un trouble bipolaire et aucun antécédent d’usage de cannabis et 63 qui formaient le groupe témoin de sujets sains et n’avaient aucun antécédent d’usage de cannabis. Les résultats préliminaires qui montrent des différences liées à l’usage de cannabis dans les structures cérébrales participant au processus de récompense chez les adolescents ayant un trouble bipolaire pourraient constituer une source d’indications utiles sur l’origine cérébrale des conséquences cliniques négatives liées à la consommation de cannabis.

Objet de la recherche

Les adolescents ayant un trouble bipolaire présentent des taux élevés de consommation de cannabis, consommation qui, selon de précédentes études, va de pair avec une gravité accrue des symptômes et une diminution de l’efficacité du traitement. Le trouble bipolaire et l’usage de cannabis sont associés à des différences dans le mécanisme de récompense du cerveau. Des études ont aussi révélé des différences de connectivité dans le circuit cérébral de la récompense chez les personnes atteintes d’un trouble bipolaire et chez les consommateurs de cannabis par rapport à des groupes témoins.

L’équipe de recherche a mené une étude auprès d’un échantillon d’adolescents particulièrement enclins à consommer du cannabis et vulnérables à ses effets nocifs pour comprendre les connexions cérébrales corrélées à l’usage de cannabis, ce qui pourrait à terme représenter un facteur prédisposant à la consommation de cannabis ou une conséquence de cet usage.

Méthode

L’équipe de recherche a réparti en trois groupes les 134 participants âgés de 13 à 20 ans qui composaient l’échantillon :

L’équipe de recherche a étudié la connectivité fonctionnelle à l’état de repos ou, autrement dit, comment les régions du cerveau impliquées dans le circuit de la récompense sont connectées dans les trois groupes. Cette étude visait à comprendre les connexions cérébrales corrélées à l’usage de cannabis, ce qui pourrait à terme représenter un facteur prédisposant à la consommation de cannabis ou une conséquence de cet usage, auprès d’un échantillon d’adolescents particulièrement enclins à consommer du cannabis et vulnérables à ses effets nocifs.

L’étude a porté sur les régions du cerveau suivantes :

Cette étude est la plus importante jamais réalisée sur les liens entre la consommation de cannabis et la connectivité cérébrale chez des adolescents ayant un trouble bipolaire et la première de son genre à inclure un groupe témoin de sujets sains.

Conclusions de la recherche

Cette étude a permis de constater qu’il existe entre les trois groupes des différences significatives de connectivité fonctionnelle à l’état de repos dans trois parties spécifiques du circuit de récompense du cerveau :

D’après l’équipe de recherche, de telles constatations fournissent des renseignements sur la manière dont les symptômes cliniques associés à l’usage de cannabis se manifestent dans le cerveau. Elles semblent indiquer que les adolescents atteints de trouble bipolaire et consommant du cannabis trouvent la réflexion interne (ou introspection) moins gratifiante, ce qui peut, en partie, exacerber leur consommation de cannabis. Les adolescents atteints de trouble bipolaire et qui ont consommé du cannabis peuvent être prédisposés à trouver les repères visuels du cannabis plus gratifiants. Par ailleurs, il se peut que chacun de ces constats soit une conséquence, plutôt qu’une cause, de l’usage du cannabis.

Portée et limites des conclusions

D’après l’équipe de recherche, les méthodes employées dans le cadre de l’étude ne leur ont pas permis de déterminer si les tendances observées concernant la connectivité étaient la cause ou la conséquence de l’usage de cannabis. De plus, l’étude ne comprenait pas un groupe témoin de sujets sains ayant des antécédents de consommation de cannabis et reposait sur des données autodéclarées plutôt que sur des échantillons d’urine concernant l’usage de cannabis au cours de la vie, d’où la possibilité que l’usage de cannabis ait été sous-déclaré. Des données sur la durée et la fréquence de la consommation ou sur la puissance du cannabis n’ont pas été recueillies, si bien qu’il a été impossible d’évaluer les liens connexes de ces éléments avec la structure cérébrale.

Applications possibles

Cette étude aide à comprendre le lien entre l’usage de cannabis et la connectivité fonctionnelle à l’état de repos chez les adolescents ayant un trouble bipolaire ainsi que l’origine cérébrale des symptômes cliniques associés à la consommation de cannabis. En outre, elle améliore nos connaissances sur les modes de fonctionnement des réseaux cérébraux susceptibles de sous-tendre chez les adolescents ayant un trouble bipolaire une prédisposition à la consommation de cannabis ou une conséquence de cet usage.

Auteur.trice.s

Alysha A. Sultan1,2,3, Megan A. Hird1,3, Mikaela K. Dimick1,2,3, Bradley J. MacIntosh5,6, Benjamin I. Goldstein1,2,3,4,6

  1. Centre du trouble bipolaire chez les jeunes, Centre de toxicomanie et de santé mentale (Sultan, Hird, Dimick, Goldstein)
  2. Département de pharmacologie et de toxicologie, Université de Toronto (Sultan, Dimick, Goldstein)
  3. Faculté de médecine, Université de Toronto (Sultan, Hird, Dimick, Goldstein)
  4. Département de psychiatrie, Université de Toronto (Goldstein)
  5. Département de biophysique médicale, Université de Toronto (MacIntosh)
  6. Programme en neurosciences Hurvitz, Centre des sciences de la santé Sunnybrook (MacIntosh, Goldstein)

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