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Recherche en bref : Les revenus d’emploi baissent au cours de la décennie suivant un épisode dépressif majeur

Recherche en bref : Chez les Canadiens en âge de travailler, les revenus d’emploi baissent au cours de la décennie suivant un épisode dépressif majeur 

En bref

L’équipe de recherche a étudié l’incidence qu’a un épisode dépressif majeur sur les revenus d’une personne. Pour ce faire, elle a appliqué une méthode statistique, appelée appariement sur score de propension, méthode qui aide à mieux évaluer l’écart des revenus futurs entre des personnes ayant connu un épisode dépressif et d’autres n’en ayant pas vécu un. Les hommes et les femmes ayant connu un épisode dépressif avaient accusé une perte de revenu l’année où l’épisode s’est produit, soit environ 5 000 dollars et 4 500 dollars, respectivement. Il n’existe pas de preuves permettant d’affirmer qu’au cours de la même période de 10 ans les personnes ayant connu un épisode dépressif majeur ont engrangé des revenus comparables à ceux des personnes n’en ayant pas vécu un. Un épisode dépressif majeur était associé à une perte cumulative de revenus sur 10 ans d’environ 115 000 dollars pour les hommes et 71 000 dollars pour les femmes.

Objet de la recherche   

Un épisode dépressif majeur peut avoir une incidence sur les revenus d’une personne, car il a un effet sur sa productivité et le temps qu’elle passe au travail ainsi que sur sa possibilité de postuler un emploi rémunérateur. Une évaluation précise de ce lien peut éclairer des études sur les coûts de la dépression ainsi que sur les politiques de l’emploi. Elle aide également les employeurs, les milieux de travail et le personnel à comprendre les répercussions d’une dépression sur les revenus d’emploi et le fardeau économique que celle-ci fait peser sur les individus.

En Ontario, au Canada, une équipe de recherche a étudié le lien chez des femmes et des hommes en âge de travailler entre un épisode dépressif majeur et les revenus d’emploi au cours d’une décennie.

Méthodes

L’équipe de recherche a étudié le lien entre un épisode dépressif majeur et les revenus d’emploi en appliquant la méthode de l’appariement sur score de propension, méthode qui aide à mieux évaluer à partir des sources de données d’observation l’écart des revenus futurs entre des personnes ayant connu un épisode dépressif et d’autres n’en ayant pas vécu un.

L’équipe de recherche a recueilli des données auprès d’adultes auxquels on avait diagnostiqué un épisode dépressif majeur et les a appariés avec des adultes chez lesquels ce diagnostic n’avait pas été posé. L’équipe de recherche a utilisé une base de données qui mettait en lien les données sur la santé avec les dossiers d’impôts annuels de la population de référence et a calculé les revenus de façon rétrospective et prospective.

Au début de l’étude, les sujets étaient des Canadiens âgés de 18 à 54 ans qui faisaient plus ou moins partie de la population active. Le groupe initial comptait 85 155 participants, dont 44 020 femmes et 41 135 hommes.

En tout, 3 487 femmes et 1 810 hommes qui avaient eu un épisode dépressif majeur ont été respectivement appariés à un nombre égal de femmes et d’hommes dont le profil sociodémographique et l’état de santé étaient similaires, mais qui n’avaient pas eu d’épisode dépressif majeur.

Après avoir créé les groupes appariés, l’équipe de recherche a modélisé le lien entre un épisode dépressif majeur et les revenus d’emploi jusqu’à dix ans après l’épisode dépressif.

Conclusions de la recherche

Avant l’étude, le revenu moyen des sujets chez lesquels on avait diagnostiqué un épisode dépressif majeur et ceux chez lesquels ce diagnostic n’avait pas été posé était comparable. Les femmes gagnaient en moyenne de 15 000 à 20 000 dollars de moins que les hommes à chaque point de mesure.

Les femmes gagnaient en moyenne 4 473 dollars de moins l’année où elles avaient eu un épisode dépressif majeur et 363 dollars de moins par an au cours de la décennie suivante. Les hommes gagnaient 5 023 dollars de moins après un épisode dépressif majeur et 730 dollars de moins par an par la suite, pour atteindre environ 1 810 dollars de moins par an 10 ans après leur épisode dépressif majeur.

Il n’existe pas de preuves permettant d’affirmer qu’au cours de la même période de 10 ans les personnes ayant connu un épisode dépressif majeur ont engrangé des revenus comparables à ceux des personnes n’en ayant pas vécu un.

En prévoyant les revenus annuels moyens à chaque point de mesure au cours de la décennie, l’équipe de recherche a démontré qu’un épisode dépressif majeur entraînait une perte de revenus sur 10 ans d’environ 115 000 dollars pour les hommes et 71 000 dollars pour les femmes.

Portée et limites des conclusions  

L’équipe de recherche a relevé plusieurs limites à l’étude. Elle a par exemple écarté certaines mesures du score de propension (comme un épisode dépressif antérieur) qui ont pu influer sur ces évaluations. Par ailleurs, les informations dont elle disposait ne portaient que sur un seul épisode dépressif. Il n’est donc pas impossible que les pertes de revenu des participants ayant connu plus d’un épisode dépressif aient été plus importantes que celles observées dans cette étude.

Applications possibles  

Les résultats de cette étude peuvent servir de base à des recherches sur les coûts de la dépression et orienter les politiques de l’emploi et de santé concernant la phase critique suivant l’épisode dépressif. Par exemple, un traitement efficace peut accélérer le retour au travail et empêcher des pertes de revenu.

À l’avenir, les chercheurs pourraient étudier les différences entre les types de dépression et se pencher sur les particularités des personnes qui ont suivi une trajectoire professionnelle dynamique après un épisode dépressif majeur. Les recherches pourraient aussi porter sur certains facteurs susceptibles de réduire les pertes de revenu, comme le traitement de la dépression ou le soutien social et psychologique en milieu de travail.

Les employeurs peuvent tenir compte de ces constatations et des avantages de mettre en place des programmes axés sur le bien-être du personnel et la prévention des problèmes de santé mentale.

Auteur.e.s

Kathleen G. Dobson1,2, Simone N. Vigod3,4, Cameron Mustard1,2, Peter M. Smith1,2,5

  1. Division d’épidémiologie, École de santé publique Dalla Lana, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
  2. Institute for Work and Health, Toronto, Ontario, Canada
  3. Département de psychiatrie, Université de Toronto, Toronto, Ontario, Canada
  4. Institut de recherche de l’Hôpital Women’s College, Toronto, Ontario, Canada
  5. Département d’épidémiologie et de médecine préventive, Université Monash, Melbourne, Victoria, Australie

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