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Recherche en bref : Lien trouvé entre la maladie mentale et le décès dû au COVID-19

Une revue systématique établit un lien entre la maladie mentale et les décès dus à la COVID‑19

En bref

Il a été établi que les personnes ayant des troubles mentaux ont généralement un pronostic moins favorable que les autres lorsqu’elles sont infectées par la maladie à coronavirus 2019 (COVID‑19). Une équipe de recherche internationale a mené une revue systématique afin de déterminer s’il existait un lien entre la maladie mentale et l’incidence du risque de décès lié à la COVID‑19. Les membres de l’équipe ont constaté que parmi les personnes infectées par la COVID‑19, celles présentant des troubles mentaux avaient un risque de décès plus élevé, et que ce risque était le plus élevé en présence de troubles mentaux graves, en particulier la schizophrénie et le trouble bipolaire.

Objet de la recherche

Il a été constaté que les personnes ayant des troubles mentaux ont généralement un pronostic moins favorable que les autres lorsqu’elles sont infectées par la maladie à coronavirus 2019 (COVID‑19). Une méta-analyse préliminaire avait montré que les personnes présentant des troubles mentaux avaient un risque plus élevé de succomber à la COVID‑19, mais cette analyse manquait de rigueur méthodologique.

Une équipe de recherche internationale a procédé à une revue systématique afin de déterminer si les personnes qui avaient une maladie mentale étaient plus susceptibles de succomber à la COVID‑19 que les autres.

Méthodes

Pour leur recherche documentaire, les auteur·e·s ont remplacé le terme « mental » par les termes suivants : psychiatrique, schizophrénie, psychotique, trouble bipolaire, troubles de l’humeur, trouble dépressif caractérisé, trouble anxieux, trouble de la personnalité, trouble des conduites alimentaires, consommation excessive d’alcool et abus de substances psychoactives.

Les auteur·e·s ont retenu les études de cohorte en population générale qui portaient sur l’ensemble des patient-e-s ayant reçu un diagnostic de COVID‑19 et qui examinaient les liens entre les divers troubles de santé mentale et la mortalité.

Les auteur·e·s ont adopté un modèle statistique hiérarchique à effets aléatoires comportant trois niveaux, qui leur a permis d’estimer la force de l’association entre les troubles de santé mentale et le risque de succomber à la COVID‑19.

Conclusions de la recherche

L’équipe de recherche a recensé 16 études réalisées dans sept pays (Danemark, France, Israël, Corée du Sud, Espagne, Royaume‑Uni et États‑Unis). Ces études, qui portaient sur un total de 19 086 patients présentant des troubles de santé mentale, avaient été menées durant la période comprise entre décembre 2019 et juillet 2020.

Le risque de mortalité due à la COVID-19 était supérieur chez les personnes présentant des troubles mentaux. Cette aggravation du risque était statistiquement significative et indépendante des principaux facteurs de risque cliniques de la COVID‑19 grave (âge, obésité, tabagisme, insuffisance rénale, maladie cardiovasculaire, maladie cérébrovasculaire et maladie pulmonaire obstructive chronique). En outre, c’était chez les personnes présentant une schizophrénie, un trouble bipolaire ou un autre trouble mental grave que le risque de succomber à la COVID-19 était le plus élevé.

Selon ces conclusions, les personnes présentant des troubles mentaux devraient être ciblées en tant que population à haut risque pour les formes graves de COVID-19, puisqu’elles requièrent des mesures de prévention et de gestion plus importantes pour cette maladie.

Portée et limites des conclusions

Les auteur·e·s signalent un certain nombre de limitations inhérentes à leur recherche. À titre d’exemple, les études examinées ne définissaient pas les groupes de contrôle de la même manière, certains excluant les patients ayant des troubles mentaux, tandis que d’autres n’incluaient que les patients atteints ou non d’un trouble particulier, dans le cadre d’une comparaison directe.

Les membres de l’équipe de recherche n’ont pas recueilli d’informations sur la phase de la maladie (aiguë ou stabilisée), laquelle aurait pu influer sur le risque de développer des formes graves de COVID‑19. Ils ont observé que certaines bases de données faisaient peu de cas des comorbidités (telles que l’obésité et le tabagisme) et que la plupart des études ne comportaient pas de précisions sur le manque de contacts sociaux, deux facteurs susceptibles d’avoir une incidence sur le risque de développer une forme de COVID‑19 grave ou fatale.

Applications possibles

Cette recherche devrait aider les spécialistes de la promotion de la santé et de la prévention des maladies à monter des campagnes de sensibilisation et de vaccination liées à la COVID‑19. Elle devrait également servir aux personnes chargées de l’administration de la santé à élaborer des stratégies ciblées pour le traitement de cette maladie. Les prochaines études devraient évaluer le risque associé à chaque trouble mental, lequel n’a pas pu être déterminé avec les données figurant dans les publications actuelles, ainsi que les facteurs entraînant une augmentation de la mortalité par COVID‑19 au sein de la population touchée par les troubles mentaux.

Auteur.e.s

Guillaume Fond1,2, Katlyn Nemani3, Damien Etchecopar-Etchart1, Anderson Loundou1, Donald C. Goff3, Seung Won Lee4, Christophe Lancon1,2, Pascal Auquier1, Karine Baumstarck1, Pierre‑Michel Llorca2,5, Dong Keon Yon6, Laurent Boyer1,2

  1. Université d’Aix-Marseille, Centre d’études et de recherche sur les services de santé et la qualité de vie (CEReSS), Marseille, France
  2. Centre Expert FondaMental : soins et recherche en psychiatrie, dont troubles bipolaires et schizophrénie (données FACE : FACE-BD, FACE-SZ), Créteil, France
  3. Département de psychiatrie du Centre médical Langone, Université de New York, New York, NY, États-Unis
  4. Département de science des données, Sejong University College of Software Convergence, Séoul, Corée du Sud
  5. Faculté de médecine de l’Université d’Auvergne, Clermont-Ferrand, France
  6. Département de pédiatrie, Seoul National University College of Medicine, Séoul, Corée du Sud

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